
Après un plan social, Sébastien Cremers a transformé sa passion pour le vélo en une activité
professionnelle. Avec « Les Cycles du Pavé », il propose des services de réparation, de vente
et de conseils personnalisés, tout en promouvant une vision éducative et engagée autour de la
mobilité douce et de l’entretien des vélos.
Le chemin de la reconversion
Pour Sébastien Cremers, tout a commencé avec un plan social qui l’a poussé à repenser son
avenir professionnel. À 50 ans, ce qu’il aurait pu vivre comme une épreuve s’est transformé en
opportunité.
« C’est une histoire de passion, c’est directement ce qui m’est venu en tête »,
confie-t-il avec un sourire.
Grâce au dispositif de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), Sébastien a pu bénéficier d’une
formation de trois mois pour devenir réparateur de vélos. Il n’a pas hésité à quitter son quotidien
pour parcourir près de 900 kilomètres et rejoindre son centre de formation à Toulouse, lui qui
a passé toute sa vie dans le Nord.
« Mon dernier jour dans l’entreprise était le 16 décembre 2022 Deux semaines plus tard, je commençais ma formation. Ça a été intense, mais je savais
que j’avais fait le bon choix. »
Ce choix était d’autant plus audacieux que le marché du vélo connaissait une baisse de régime
en 2023, avec une chute de 14 % des ventes. Pourtant, rien n’a ébranlé sa détermination.
« Je connaissais ces chiffres, mais cela ne m’a pas fait peur. Il faut remettre ces données dans leur
contexte. La période post-Covid a été exceptionnelle dans le monde du vélo : beaucoup ont
souhaité en acquérir un. C’est pour cela que les chiffres sont en baisse aujourd’hui, car nous
avons connu une forte hausse auparavant. Actuellement, le besoin en réparation est énorme :
il manque plus de 7 000 réparateurs de vélos en France ! Avec des dispositifs comme la prime
de 50 euros pour faire réparer son vélo, le secteur est en plein essor. »
Cette évolution se traduit aussi par un engouement croissant pour le vélo électrique.
« Près d’un vélo vendu sur trois est électrique en France. Pour mon cas personnel, c’est même beaucoup
plus important : environ huit personnes sur dix qui viennent chez moi cherchent un vélo
électrique. Cette tendance change tout, que ce soit dans la manière de réparer ou dans les
attentes des clients. »
« Les Cycles du Pavé », bien plus qu’une entreprise
L’entreprise de Sébastien, « Les Cycles du Pavé », n’est pas qu’un lieu de ventes et atelier de
réparation. Elle repose sur une vision singulière et un sens aigu du service.
« Je mise beaucoup sur la proximité et la sécurité. Je me déplace à domicile pour des réglages, mais je vais plus loin : j’essaie de sensibiliser les gens à l’importance de bien entretenir leur vélo et de respecter
les règles de sécurité sur la route. »
Cette approche humaine et personnalisée distingue son entreprise des acteurs plus classiques du secteur.
Sébastien accorde aussi une grande importance à l’aspect éducatif. Il propose des ateliers de
sensibilisation pour les enfants, afin de transmettre les bases essentielles.
« Beaucoup n’ont pas la ‘culture vélo’. Les parents peuvent avoir des vélos, mais ils ne savent pas toujours comment jauger une chambre à air ou faire de petits réglages. C’est un savoir qui se perd, et c’est important de le transmettre. »
En parallèle, il participe régulièrement à des marchés locaux dans des communes comme
Sainghin-en-Mélantois, Cysoing ou Camphin-en-Pévèle. Ces événements, qui s’étendent de
mars à novembre, sont pour lui une opportunité précieuse de faire connaître son activité.
« Mon but est de créer du contact, de faire savoir que je suis là. Hors saison, je fonctionne uniquement
sur rendez-vous, mais ces marchés me permettent de garder le lien avec mes clients. »
Bilan et perspectives
Lancer son entreprise n’est jamais simple, et Sébastien n’échappe pas à certaines difficultés.
« La gestion, la comptabilité, l’administratif… Ce sont des éléments cruciaux, mais on manque
souvent d’accompagnement. Si j’avais eu quelqu’un pour m’aider à mieux comprendre le statut
d’auto-entrepreneur, j’aurais gagné un temps précieux. En cette fin d’année, je dois revoir tous
mes chiffres et c’est un vrai casse-tête. »
Malgré cela, le bilan qu’il tire de ces deux années reste positif.
« Deux ans après, je suis toujours en phase de mise en place, mais je progresse chaque jour. Je suis mon propre patron, je fais ce que j’aime et j’ai réussi à établir de nombreux contacts. C’est un rêve qui prend forme, même si, financièrement, ce n’est pas encore parfait. J’ai du mal à augmenter mes prix parce que je vois mes clients comme des passionnés comme moi. »
Quant aux fêtes de fin d’année, elles n’impactent pas vraiment son activité.
« Le marché est très calme en ce moment. L’intérêt pour le vélo reprend surtout avec l’arrivée des beaux jours. Mon activité redémarre vraiment à partir du printemps. »
Pour l’avenir, Sébastien a des projets ambitieux :
« En 2025, j’espère pouvoir ouvrir un point fixe pour la vente de vélos. Aujourd’hui, mes clients doivent venir me voir sur les marchés, ce qui n’est pas idéal. Avoir un local serait un vrai plus. »