
À l’école Pablo Picasso, en plein cœur de Wannehain (59), Anaïs Lima, directrice périscolaire
de 34 ans, nous accueille avec un sourire large et chaleureux. Son bureau, modeste mais rempli
de photos d’enfants et de souvenirs de moments partagés, reflète son engagement total. Habillée
d’un pull blanc, elle nous offre un café, un geste simple mais marquant de sa bienveillance. En
mai 2025, après sept années de service, elle s’apprête à quitter le village et à retourner dans les
Ardennes, sa région natale. Un départ qui, pour les habitants de Wannehain, ressemble à une
petite révolution.
Un départ motivé par la famille
Originaire des Ardennes, Anaïs a quitté sa région en 2018 pour suivre son conjoint, récemment
embauché à Lille. C’est là qu’elle a posé ses valises à Wannehain, un petit village qu’elle ne
connaissait pas mais qui allait vite devenir sa seconde maison. Pourtant, après sept années
d’adaptation et de travail, Anaïs a fait le choix difficile de partir, une décision prise depuis la
naissance de sa fille.
« Je suis heureuse ici, mais ma fille grandira mieux entourée de sa famille,
je souhaite qu’elle voie ses grands-parents, ses oncles et tantes régulièrement »
Cette volonté de se rapprocher de ses racines familiales marque la fin d’une aventure
professionnelle mais aussi personnelle dans le village.
Pour ceux qui l’ont côtoyée, son départ laissera un vide immense. Anaïs, c’est celle qui était
toujours là, un peu comme une grande sœur, une figure maternelle pour beaucoup. Son
investissement humain a fait d’elle une directrice très appréciée. Son sourire, son énergie et son
écoute attentive ont fait de l’école un lieu plus chaleureux. C’est une dévotion qui ne pouvait
qu’aboutir à un départ lourd de sens pour le village. « Anaïs était là, à chaque instant, pour les
enfants comme pour nous, les parents. Elle savait rendre chaque journée plus facile, ça va être
un vide », explique Sarah Baix, maman d’élève.
Un métier découvert par hasard
Ce n’était pourtant pas la vocation première d’Anaïs de devenir directrice. En 2018, elle arrivait
à Wannehain sans idée précise de ce qu’elle voulait faire, mais une annonce pour un poste de
directrice remplaçante à l’école Pablo Picasso a fait basculer son parcours.
« J’ai eu de la chance. J’étais au bon endroit au bon moment »
se souvient-elle. Un contrat d’un seul jour par semaine, initialement temporaire, se transforme très vite en un CDI lorsque la directrice précédente part définitivement. Ce tournant inattendu l’a poussée à s’investir dans une mission qui n’était pas forcément la sienne au départ, mais qui allait rapidement devenir un vrai projet de vie.
Un métier, plusieurs rôles
Directrice du périscolaire, Anaïs ne se contente pas que de gérer les aspects administratifs et
organisationnels. Son rôle va bien au-delà : elle est responsable de la gestion des équipes de
service (ménage, périscolaire, cantine), mais aussi du bon déroulement de toutes les activités
liées à l’école. Elle se charge de coordonner les plannings des enfants et des équipes
pédagogiques, mais aussi de veiller à la bonne ambiance de l’école. Elle est souvent la première
à arriver le matin à 7h30 et la dernière à partir, bien après 18h. Lors de certains week-ends, elle
consacre même du temps aux événements organisés par la commune. Son rôle dépasse celui
d’une simple directrice : elle est un véritable pilier pour l’école, pour les enfants et pour les
familles.
Ce côté « tout-terrain » n’a fait que renforcer l’estime que les habitants du village lui portent.
Sa capacité à gérer de multiples responsabilités et à maintenir un contact constant avec chaque
parent ou enseignant a fait d’elle une personne indispensable au fonctionnement de l’école.
C’est cette proximité avec les habitants qui la rend si précieuse aux yeux de tous.
« Elle incarne la bienveillance et la proximité, des valeurs essentielles pour une petite commune comme la
nôtre. Son départ laissera un vide, mais son impact perdurera à travers chaque enfant qu’elle
a accompagné. » affirme Anne-Sophie Moreau, adjointe au maire.
Une empreinte durable
Les liens tissés par Anaïs avec les familles sont solides et durables. « Ce qui me rend fière, c’est
d’avoir pu créer ce lien avec les familles, d’avoir été une présence positive pour les enfants »,
confie-t-elle avec une modestie qui la caractérise. Et les témoignages sont nombreux : pour les
parents, elle est la figure bienveillante qui a marqué les enfants, qui a facilité leur quotidien,
leur école. Les enfants, eux, parlent d’Anaïs comme de cette personne toujours à l’écoute,
capable de régler n’importe quel problème avec calme et sérénité.
« Elle est présente pour nous », ajoute Julia, élève de CM2. « Elle nous aide toujours. J’aime beaucoup Anaïs, elle est trop gentille. »
Une transition incertaine
Le départ d’Anaïs crée un certain flou au sein du village. Les parents et l’administration n’ont
pas encore trouvé son (ou sa) remplaçant, ce qui alimente des inquiétudes et des spéculations.
« Je laisse l’école dans de bonnes mains, mais c’est vrai qu’il y a un côté incertain, surtout
pour l’organisation du périscolaire », confie-t-elle. “L’après-Anaïs” est un sujet de discussion
récurrent parmi les habitants. Son départ laisse une grande place vide à combler. De son côté,
Anaïs avoue qu’elle ne sait pas encore ce que l’avenir lui réserve dans les Ardennes. « Ce n’est
pas encore clair. Je ne sais pas ce que je vais faire, mais je suis prête à tourner cette page. »
Une directrice qui marquera
En quittant Wannehain, Anaïs laisse derrière elle un poste, des gens. Un souvenir vivant chez
les enfants et les parents. Son sourire, son dévouement et sa disponibilité ont fait d’elle une
personne irremplaçable, un symbole de ce qu’un petit village peut offrir de meilleur. En mai
2025, son bureau se videra, mais les photos, les souvenirs et les moments partagés continueront
de vivre dans les esprits des habitants de Wannehain. Son départ marque la fin d’un chapitre
important pour l’école et pour ce petit coin du Nord, mais son héritage restera bien présent, à
jamais ancré dans la mémoire du village.